Relevage de l’ancre marine : échange avec le DRASSM
Nicolas Peignet, notre coordinateur pêche et usages en mer, a embarqué sur le bateau André Malraux le 1er juillet dernier aux côtés des équipes du DRASSM du ministère de la Culture. Nathalie HUET (ingénieure de recherche, directrice de la cellule conservation du DRASSM), Christine LIMA-BRISSAUD (archéologue maritime au DRASSM, ancienne responsable du littoral sud Atlantique et Emmanuel BERRY (contrôleur sécurité hyperbare au DRASSM) étaient en mission pour relever une ancre sous-marine découverte sur la zone du parc EMYN lors d’une précédente campagne en mer.
Le relevage de l’ancre n’a pas eu le succès escompté car malheureusement cette dernière, trop fragile, s’est brisée au moment du relevage. Mais cette opération a tout de même permis d’apporter son lot d’informations sur l’objet et son histoire. Une étude est en cours pour compléter ces informations.
Nicolas en a profité pour les interroger sur leur métier peu connu mais au combien passionnant et nous invite à les rencontrer en montant à bord de l’André Malraux :
Quel est le but de cette opération en mer ?
CLi-Br : En 2019, nous avons procédé à une campagne de prospection au titre de l’archéologie préventive sur l’emprise du parc éolien en mer des îles d’Yeu et Noirmoutier lors de laquelle nous avons découvert un certain nombre de biens culturels maritimes dont cette ancre ancienne.
NHu : En effet, c’est une ancre fin XVIème, début XVIIème, le DRASSM a très peu d’ancre de cette époque. Sa forme, sa typologie peut permettre de nous renseigner sur de futurs vestiges archéologiques de la même époque, d’où notre souhait de la conserver, de la restaurer puis de mettre en valeur ce patrimoine dans des musées par exemple.
Quels sont les premiers éléments que vous pouvez partager sur cette ancre ?
CLi-Br : L’ancre a une envergure de 3,50m sur 1,80m au niveau des bras. Elle a perdu son jas en bois et l’organeau (l’anneau qui la maintenait en lien avec le bateau) n’a pas été conservé dans son intégralité.
Son origine est assez compliquée à définir. Le plus plausible, est que cette ancre ait été remontée par un filet de pêche sur son lieu de naufrage il y a 400 ans et qu’elle ait été rejetée à la mer plus loin.
Parlez-nous de votre métier. Comment y êtes-vous arrivées ?
CLi-Br : Je suis une enfant de la génération Cousteau. Je disais à mes parents que moi aussi j’aimerais embarquer sur un bateau, faire de l’archéologie sous-marine.
Ma mère est aussi férue d’archéologie et elle m’a aidée à m’orienter dans ce domaine, puis j’ai eu la chance de rentrer au DRASSM en tant que responsable de littoral.
Mes missions sont de gérer et protéger le patrimoine immergé sur une bande littorale qui s’étend du haut de l’estran jusqu’à 400km au large, de la Vendée à la frontière espagnole. Nous instruisons les découvertes, les programmes de recherche, mais aussi les dossiers préventifs, ce qui est le cas du programme EMYN. J’étais d’ailleurs présente sur les plongées de découverte, de documentation, rien que ces épisodes-là furent une superbe aventure !
NHu : En tant que directrice de la cellule conservation, mon rôle est la gestion de toutes les étapes (relevage, récupération…) depuis la découverte d’un vestige jusqu’à sa valorisation dans un musée.
Comment vos métiers évoluent-ils ?
NHu : Le métier évolue notamment avec l’arrivée de nouvelles technologies en particulier en eaux profondes. Le travail que génère les parcs éoliens en mer transforme aussi nos activités vers davantage d’archéologie préventive.