Intégrer les entreprises ligériennes dans la filière de l’éolien en mer
Entretien avec Dominique Follut, vice-président du cluster Neopolia et pilote du cluster Energies Marines Renouvelables (EMR).
Dominique Follut, pouvez-vous présenter en quelques mots ce qu’est Neopolia et vos missions en son sein ?
Neopolia est un cluster d’entreprises dont la vocation est de faire collaborer des PME et des petites ETI pour qu’elles obtiennent ensemble des contrats et marchés qu’elles ne pourraient pas obtenir individuellement (du fait de leurs capacités et du spectre de compétences requis).
Notre conseil d’administration est composé uniquement de dirigeants d’entreprise, et notre orientation stratégique est partagée par les 250 entreprises adhérentes dans les Pays de la Loire.
Ces 250 entreprises participent à cinq « business clusters » portant sur des thématiques différentes :
- Neopolia Marine, le premier cluster né du grand chantier STX ;
- Neopolia Aero ;
- Neopolia Rail ;
- Neopolia Oil&Gas ;
- Et Neopolia EMR (énergies marines renouvelables), un cluster regroupant 105 membres.
Je suis pour ma part vice-président de Neopolia et pilote du cluster EMR. A ce titre, je participe à la définition de sa stratégie : nous cherchons les solutions les plus pertinentes pour nous positionner sur les marchés et répondre au mieux aux demandes des donneurs d’ordres. Nous travaillons aussi à la montée en compétences des entreprises locales pour qu’elles puissent être au rendez-vous le jour où un appel d’offres est lancé.
Pouvez-vous nous indiquer plus spécifiquement ce que représente aujourd’hui Neopolia EMR et comment le cluster fonctionne avec les grands acteurs de la filière ?
Neopolia EMR regroupe des entreprises de tout horizon, qui couvrent l’ensemble des métiers liés au développement des énergies marines renouvelables : des études amont ou aval à la maintenance, en passant par la mise en service, la construction, la supervision, etc… En nous associant, nous sommes capables de répondre à des demandes de systèmes ou de sous-systèmes complets : c’est cette intégralité que nous essayons de valoriser auprès de nos partenaires.
Lorsqu’il s’agit de répondre à un Appel à Manifestation d’Intérêt ou un Appel d’Offres, les entreprises regroupées sont en mesure d’offrir quelque-chose de cohérent, complet et transversal.
Nous visons aussi la production d’éléments finis. Par exemple, le cluster pourrait être capable de fabriquer soi-même entièrement une hydrolienne fluviale. Notre objectif n’est pas de remplacer l’activité des entreprises mais de leur proposer une piste d’activité additionnelle sur des marchés où elles n’iraient pas naturellement.
Le marché de l’éolien en mer est assez compliqué et n’est pas toujours intelligible pour les PME : nous essayons donc de maintenir un lien, notamment en leur transmettant les attentes et exigences des porteurs de projets, et nous essayons d’aider les PME à s’organiser pour qu’elles puissent leur proposer des offres intelligentes et pertinentes.
Les entreprises régionales doivent anticiper les futurs appels d’offres, notamment pour prendre le temps de monter en compétences. Une connaissance mutuelle participe à cette logique gagnant-gagnant qui permettra à la nouvelle filière de l’éolien en mer d’exister.
Eoliennes en mer Iles d’Yeu et de Noirmoutier (EMYN) et Neopolia ont signé une convention en novembre dernier, quels en sont l’objet et les axes principaux ?
La convention est un contrat de partenariat qui engage les deux parties : nous demandons à EMYN de nous apporter son regard technique et son expertise pour que les PME comprennent et anticipent les évolutions nécessaires de leur côté, et nous nous engageons à amener les entreprises vers le bon niveau de maturité pour qu’elles apportent des réponses pertinentes aux besoins exprimés.
Ensemble, nous voulons contribuer au développement de cette filière très compétitive sur le territoire français. Cela requiert une écoute et une tolérance des uns envers les autres. Nous travaillons donc à la mise en place d’une organisation efficace et une meilleure connaissance mutuelle, tout en laissant toute la place à la confidentialité dont a besoin le maître d’ouvrage pour poursuivre le développement de son projet. C’est ainsi que l’on créera le cadre propice à une montée en compétences commune.
Comment avez-vous prévu de mettre en œuvre cette collaboration ?
Un comité de pilotage et un comité technique se réunissent régulièrement pour échanger sur les grands axes de notre collaboration : les moyens de la montée en compétence des entreprises régionales, la clarification du contexte de ce marché spécifique, l’accompagnement et la proximité du porteur de projet.
Quelles sont les prochaines étapes de cette collaboration ?
Un nouveau comité se réunira bientôt pour construire la feuille de route de cette convention.
Nous devons éviter à tout prix que le monde économique n’ait pas toutes les clés en main pour comprendre les spécificités du projet. Le projet de parc éolien en mer s’inscrit dans un temps long, ce qui peut créer de l’incertitude et de la frustration du côté des entreprises qui n’en ont pas l’habitude.
Nous souhaitons mettre en place un réel travail collaboratif qui faciliterait le développement de cette filière française de l’éolien en mer.